Mise à jour des données du Recensement de 2016 sur la langue

Après avoir été informé d'anomalies, pour certaines régions du Québec, dans les données linguistiques du Recensement de 2016 diffusées le 2 août dernier, Statistique Canada a mené une investigation approfondie afin d'identifier leurs sources.

Lors du recensement, Statistique Canada effectue un suivi auprès des ménages ayant rempli partiellement le questionnaire du recensement. Dans le cadre du Recensement de 2016, Statistique Canada a développé un programme informatique pour effectuer certaines étapes reliées à cette opération. C'est dans ce programme informatique qu'une erreur a été identifiée, affectant les questionnaires de langue française.

Les questions linguistiques du recensement sont les seules questions pour lesquelles les choix de réponse diffèrent entre les versions française et anglaise. Depuis 2001, la version française du questionnaire du recensement donne préséance au français dans le libellé des questions et dans les choix de réponse. Ceci ne touche que les questions du recensement sur la langue maternelle, sur la langue parlée à la maison et sur la connaissance des langues officielles. L'exemple qui suit illustre cette différence pour ce qui est de la langue parlée le plus souvent à la maison. C'est cette particularité qui n'a pas été prise en compte par le nouveau programme informatique utilisé dans le suivi de la non-réponse partielle en 2016.

Cette figure bilingue montre la question 8 a) du questionnaire du Recensement de la population de 2016. La partie gauche de la figure affiche la question en anglais qui se lit comme suit : « What language does this person speak most often at home ». Les catégories de réponses sont « English; French; Other language – specify ». La partie droite de la figure affiche la question en français qui se lit comme suit : « Quelle langue cette personne parle-t-elle le plus souvent à la maison ». Les catégories de réponses sont « Français; Anglais; Autre langue – précisez ».

L'erreur qui en a découlé a entraîné une attribution erronée de réponses aux questions linguistiques du recensement pour environ 61 000 personnes, principalement au Québec. Elle s'est traduite par une surestimation de la croissance de l'anglais au Québec entre 2011 et 2016, tant comme langue maternelle que comme langue d'usage à la maison.

Après avoir corrigé ces erreurs d'attribution, Statistique Canada a mené un examen approfondi afin de s'assurer qu'aucune autre question du recensement n'ait été affectée par une erreur, et que les logiciels utilisés n’affectent pas d’autres variables. De plus, Statistique Canada a révisé en profondeur les multiples étapes de vérification et de contrôle des données.

Conséquences générales de l'erreur sur les résultats des données linguistiques

L'erreur identifiée a eu pour conséquence de surestimer la croissance de l'anglais au Québec et dans certaines de ses régions, tant pour la langue maternelle que pour la langue parlée à la maison, et de surestimer le recul du français. Elle a également entraîné une légère surestimation du taux de bilinguisme français-anglais au Québec et, par conséquent, à l'échelle nationale.

Les tableaux 1 et 2 présentent les effectifs et les nombres pour chacune des variables linguistiques en 2011 et en 2016 (avant correction et après correction) pour le Canada, le Québec et le Canada hors Québec.

En termes de pourcentage (tableau 1), on constate que la correction de l'erreur n'affecte pas le Canada hors Québec et que les résultats présentés le 2 août dernier demeurent les mêmes. C'est essentiellement au Québec que la correction entraîne des changements dans les résultats.

Au Québec, tant pour la langue maternelle que pour la langue parlée le plus souvent à la maison, le français recule moins qu’annoncé initialement. Ainsi, après correction, la population de langue maternelle française (réponses uniques) se situe à 77,1 % plutôt qu’à 76,4 % (environ +55 000 personnes) et celle parlant le français le plus souvent à la maison (réponses uniques) se situe à 79,0 % plutôt qu’à 78,3 % (environ +57 000 personnes).

Pour ce qui est de la langue maternelle anglaise, on constate désormais une légère baisse plutôt qu'une hausse. La proportion de la population québécoise ayant l’anglais comme seule langue maternelle se situe désormais à 7,5 % plutôt qu’à 8,1 % (environ -55 000 personnes). En ce qui a trait à l'anglais parlé le plus souvent à la maison, on constate une légère baisse plutôt qu'une hausse pour ce qui est des réponses uniques (se situant désormais à 9,7 % après correction au lieu de 10,4 %, environ -57 000 personnes) et une augmentation moindre lorsqu'on tient compte de la totalité des mentions (désormais à 12,0 % plutôt que 12,7 %, environ -57 000 personnes).

La correction des données modifie légèrement le portrait national pour ces deux variables puisque le français y recule légèrement moins que ce qui avait été annoncé lors de la première diffusion des données linguistiques.

Finalement, la correction des données modifie légèrement le niveau de bilinguisme français-anglais déjà annoncé ainsi que les données sur la première langue officielle parlée. Au niveau national, le taux de bilinguisme demeure pratiquement inchangé, passant de 18,0 % à 17,9 %, alors qu'il passe de 9,9 % à 9,8 % au Canada hors Québec. Au Québec, le taux de bilinguisme français-anglais est un peu moindre qu'annoncé et se situe à 44,5 % plutôt qu'à 44,9 %.

En ce qui concerne la première langue officielle parlée, les données corrigées ne changent rien au portrait du Canada hors Québec. Au Québec, elles présentent cependant une baisse moins importante du français et une hausse moins importante de l'anglais. Après redistribution égale de la catégorie français-anglais, l'anglais comme première langue officielle parlée se situe à 13,7 % plutôt qu'à 14,4 % (environ -57 000 personnes), alors que le français se situe désormais à 85,4 % plutôt qu'à 84,7 % (environ +57 000 personnes).