Recensement en bref
La migration interprovinciale et interrégionale des populations de langue française et de langue anglaise au Canada

Date de diffusion : le 15 novembre 2023

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Faits saillants

  • Environ 810 000 personnes de langue anglaise (première langue officielle parlée) et 80 000 personnes de langue française ont changé de province ou de territoireNote 1 de résidence au Canada durant la période entre le Recensement de 2016 et le Recensement de 2021. Le taux de migration interprovinciale était plus élevé parmi les personnes de langue anglaise (3,1 %) que de langue française (1,1 %).
  • L’emploi et les raisons familiales étaient les principaux motifs évoqués pour expliquer un changement de province de résidence, quels que soient les lieux de destination ou d’origine, tant pour les personnes de langue anglaise que de langue française.
  • La migration interprovinciale caractérise fortement la réalité de certaines populations de langue française en situation minoritaire. Par exemple, parmi les personnes de langue française qui résidaient à Terre-Neuve-et-Labrador, en Alberta, en Colombie-Britannique ou dans les territoires en 2021, moins du tiers y sont nées. De plus, la moitié des personnes de langue française nées en Saskatchewan et en Colombie-Britannique et la majorité de celles nées à Terre-Neuve-et-Labrador n’habitaient plus dans leur province de naissance en 2021.
  • Au Nouveau-Brunswick, contrairement à la tendance observée lors des décennies précédentes, on constate un solde migratoire interprovincial positif (plus d’entrants que de sortants) pour la période intercensitaire de 2016 à 2021, tant parmi les personnes de langue française que de langue anglaise. Le retour dans la province de personnes qui y sont nées a contribué à ce renversement de tendance.
  • Au Québec, le solde migratoire interprovincial était presque nul (autant d’entrants que de sortants) pour la période de 2016 à 2021, après des décennies de soldes négatifs. Cette situation reflète surtout les changements survenus au sein de la population de langue anglaise. Le nombre de personnes de langue anglaise qui ont quitté le Québec était particulièrement élevé avant les années 2000 et surtout durant les années 1960 et 1970; toutefois, il s’est maintenu à un niveau inférieur depuis une vingtaine d’années. Plus récemment, durant la période de 2016 à 2021, c’est surtout le nombre de personnes de langue anglaise entrant au Québec qui a augmenté, et il a presque atteint le nombre de sortants.
  • En Ontario, le solde migratoire interprovincial des personnes de langue française était pratiquement nul pour la période de 2016 à 2021, alors qu’il était négatif parmi les personnes de langue anglaise.
  • La région d’Ottawa (y compris l’Est ontarien) était la principale destination des personnes de langue française qui quittaient le Québec, le Manitoba ou l’Alberta. En dehors du Québec, c’était la destination la plus souvent choisie par les migrants internes de langue française; elle a accueilli 18 000 personnes de 2016 à 2021.
  • En Alberta, la période de 2016 à 2021 a été caractérisée par un solde migratoire interprovincial négatif, pour la première fois depuis la période de 1986 à 1991. Environ la moitié des personnes qui quittaient l’Alberta, tant de langue française que de langue anglaise, retournaient dans leur province de naissance.
  • On constate une augmentation au chapitre des personnes de langue française qui déménageaient vers la Colombie-Britannique. Cette augmentation a contribué au fait que cette province soit la seule, avec le Québec, où la population de langue française a enregistré une hausse de 2016 à 2021.
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Capture d’écran de Migration interprovinciale par groupe linguistique au Canada de 1976 à 2021, 71-607-X2023031.

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Il est maintenant possible de consulter un outil interactif de visualisation des données sur la migration interprovinciale selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée pour les périodes intercensitaires allant de 1976-1981 à 2016-2021 (Migration interprovinciale par groupe linguistique au Canada de 1976 à 2021, 71-607-X2023031).

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Introduction

Tout au long de l’histoire canadienne, les processus migratoires ont contribué à définir et à redéfinir la géographie des langues au pays. En particulier, les migrations internes ont façonné les communautés de langue officielle en situation minoritaire, c’est-à-dire les populations de langue anglaise au Québec et les populations de langue française dans les autres provinces.

Le présent article s’appuie sur les données du Recensement de la population pour faire le point sur les principales tendances relatives aux migrations internes au Canada, en accordant une importance particulière à celles concernant les populations de langue officielle en situation minoritaire. L’article porte sur les flux de migration interne intercensitaires — c’est-à-dire sur les personnes qui ont changé de lieu de résidence entre deux recensements, tout en demeurant au pays —, mais aussi sur les effets cumulatifs de ces migrations à plus long terme, en tenant compte de la province de naissance des personnes de langue française et anglaise. Dans le cadre de l’article, les groupes linguistiques sont définis en fonction de la première langue officielle parlée (voir « Définitions, concepts et géographie »).

Les données du Recensement de 2021 qui portent sur la mobilité selon le groupe linguistique confirment que certaines tendances de longue date se maintiennent, comme la forte présence de personnes nées au Québec au sein des populations de langue française dans la plupart des autres provinces. Cependant, elles révèlent également le renversement de certaines tendances. Par exemple, de 2016 à 2021, on a observé un solde migratoire interprovincial négatif (plus de sortants que d’entrants) en Alberta, ce qui représente le premier solde négatif enregistré dans cette province depuis la période de 1986 à 1991. En revanche, un solde migratoire interprovincial positif (plus d’entrants que de sortants) de personnes de langue française a été observé au Nouveau-Brunswick, découlant d’un retour dans la province de personnes qui y sont nées. Enfin, un solde migratoire interprovincial faiblement négatif de personnes de langue anglaise a été enregistré au Québec, ce qui tranche avec les soldes fortement négatifs qui ont marqué les décennies précédentes dans cette province. Ces renversements de tendances peuvent être liés à certaines perturbations propres au contexte de la pandémie de COVID-19, mais ils peuvent aussi refléter certains changements sociaux et économiques à plus long terme.

Environ 810 000 personnes de langue anglaise et 80 000 personnes de langue française ont changé de province de résidence de 2016 à 2021

En 2021, à l’échelle du Canada, près de 1 million (921 000) de personnes n’habitaient pas dans la même province ou le même territoire que cinq ans plus tôt. Il s’agit d’un nombre de migrants supérieur à celui observé au cours de chacune des cinq périodes intercensitaires précédentes, bien qu’il soit inférieur au nombre de migrants interprovinciaux enregistrés au cours de la période de 1986 à 1991. Cependant, le taux de migration interprovinciale (soit la proportion de personnes ayant changé de province de résidence d’un recensement à l’autre) était plus faible pour la période de 2016 à 2021 que pour chacune des périodes intercensitaires depuis les années 1970, à l’exception de la période de 2011 à 2016. De fait, les taux de migration interprovinciale ont généralement affiché une tendance à la baisse au cours des dernières décennies, tant parmi les personnes de langue anglaise que de langue française.

Pour la période intercensitaire de 2016 à 2021, le taux de migration interprovinciale s’est établi à 31 ‰ chez les personnes de langue anglaise, et à 11 ‰ chez celles de langue française. On constate un tel écart entre les populations de langue anglaise et française en ce qui a trait à la mobilité interprovinciale depuis de nombreux recensements, dans une mesure qui a assez peu changé au fil du temps.

Graphique 1 Taux de migration interprovinciale des populations de langue française et de langue anglaise (en pour mille), Canada, périodes intercensitaires, 1981-1986 à 2016-2021

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Population de langue anglaise et Population de langue française, calculées selon pour mille unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Population de langue anglaise Population de langue française
pour mille
1981-1986 46 16
1986-1991 45 17
1991-1996 39 14
1996-2001 37 14
2001-2006 33 13
2006-2011 32 11
2011-2016 29 10
2016-2021 31 11

La mobilité interne ne se limite pas à la mobilité interprovinciale. Un nombre important de personnes changent de municipalité ou de région sans pour autant changer de province (dans le présent article, une région correspond à une région économique, voir « Définitions, concepts et géographie »). Ainsi, en 2021, bien que les personnes de langue française aient été nettement moins susceptibles que celles de langue anglaise d’avoir changé de province de résidence depuis 2016 (1,2 % par rapport à 3,3 %)Note 2, elles avaient plus souvent changé de région au sein de la même province (8,6 % par rapport à 5,6 %). Au total, les personnes de langue française ont été un peu plus susceptibles que les personnes de langue anglaise de changer de subdivision de recensement de résidence (19,0 % par rapport à 18,1 %); une subdivision de recensement correspond généralement à une municipalité.

Graphique 2 Proportion de personnes ayant changé de subdivision de recensement, de région ou de province, parmi celles qui résidaient au Canada en 2016 et en 2021, selon la première langue officielle parlée

Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Total , Anglais et Français, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Total Anglais Français
pourcentage
Subdivision de recensement différente, même région 9,2 9,2 9,3
Région différente, même province 6,2 5,6 8,6
Province différente 2,8 3,3 1,2
Total 18,2 18,1 19,0

L’emploi et les raisons familiales sont les principaux motifs évoqués pour expliquer un changement de province

Selon les données de l’Enquête canadienne sur le logement de 2021, les principaux motifs évoqués par les personnes ayant récemment déménagé et changé de province variaient généralement peu selon le profil linguistique, le lieu d’origine ou le lieu de résidence après le déménagement. Parmi les personnes qui ont changé de domicile pour s’établir en Ontario ou au Québec au cours de la période de 2016 à 2021, des considérations liées à l’emploi étaient le plus souvent évoquées pour expliquer le déménagement. Par ailleurs, les personnes de langue française et de langue anglaise qui se sont établies au Nouveau-Brunswick ont souvent déclaré que des raisons familiales étaient à l’origine de leur déménagement. Il en était de même pour les personnes de langue anglaise, en particulier pour celles qui se sont établies en Colombie-Britannique.

Moins du tiers des personnes de langue française qui habitent à Terre-Neuve-et-Labrador, en Alberta, en Colombie-Britannique et dans les territoires y sont nées

En 2021, on a dénombré 7,7 millions de personnes de langue française au Canada. La grande majorité d’entre elles (83,2 %) sont nées dans la province où elles habitaient, et 11,9 % sont nées dans un autre pays que le Canada. Environ 375 000 personnes, soit 4,9 % de la population canadienne de langue française, sont nées dans une province différente de celle de leur province de résidence au moment du recensement. À titre de comparaison, c’était le cas de 12,3 % des personnes de langue anglaise.

Au Québec, où se trouvait 88,2 % de toute la population de langue française au pays en 2021, 144 000 personnes de langue française (soit 2,1 % de la population de langue française de la province) sont nées dans une autre province, les deux-tiers d’entre elles en Ontario. Parallèlement, 170 000 personnes de langue française nées au Québec habitaient dans une autre province, et la majorité d’entre elles habitaient en Ontario, dont 47 000 dans la région d’Ottawa.

Dans plusieurs provinces, la majorité des personnes de langue française sont nées dans leur province de résidence. Or, ce n’est pas le cas dans les trois territoires ni en Colombie-Britannique, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Alberta. Dans chacun de ces cas, plus de personnes de langue française sont nées au Québec que dans leur province de résidence.

De fait, dans huit provinces et dans les trois territoires, au moins 1 personne de langue française sur 8 avait le Québec pour lieu de naissance. Le Nouveau-Brunswick et le Manitoba faisaient exception, où environ 1 personne de langue française sur 15 est née au Québec. Par ailleurs, 1 personne de langue française sur 10 en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard est née au Nouveau-Brunswick. De même, 1 personne de langue française sur 10 en Colombie-Britannique est née en Ontario (soit la même proportion que les personnes de langue française nées en Colombie-Britannique).

Tableau 1
Lieu de naissance des personnes de langue française, selon la province ou le territoire de résidence, 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion de la population de langue française. Les données sont présentées selon Lieu de résidence (titres de rangée) et Nés dans la province ou le territoire de résidence, Nés au Québec, Nés dans une autre province ou un autre territoire et Nés à l'étranger, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Lieu de résidence Nés dans la province ou le territoire de résidence Nés au Québec Nés dans une autre province ou un autre territoire Nés à l'étranger
pourcentage
Nouveau-Brunswick 86,8 6,7 2,9 3,6
Québec 86,2 86,2 2,1 11,7
Manitoba 74,4 6,9 6,9 11,8
Ontario 58,7 21,2 3,9 16,2
Nouvelle-Écosse 57,1 18,9 17,8 6,3
Île-du-Prince-Édouard 56,7 13,9 20,7 8,8
Saskatchewan 54,7 14,9 15,6 14,9
Alberta 25,4 30,2 22,0 22,5
Terre-Neuve-et-Labrador 19,8 36,9 20,5 22,8
Territoires du Nord-Ouest 18,5 43,9 27,4 10,2
Yukon 12,6 49,6 20,8 17,0
Nunavut 12,0 49,6 23,0 15,5
Colombie-Britannique 9,9 40,2 23,4 26,6
Canada 83,2 78,2 4,9 11,9

La moitié des personnes de langue française nées en Saskatchewan et en Colombie-Britannique et la majorité de celles nées à Terre-Neuve-et-Labrador n’habitent plus dans leur province d’origine

En 2021, même si les personnes de langue française habitaient généralement dans leur province de naissance, ce n’était pas le cas pour environ la moitié des personnes de langue française nées en Saskatchewan (49,7 %) ou en Colombie-Britannique (48,7 %) ni pour plus des quatre cinquièmes (83,0 %) des personnes nées à Terre-Neuve-et-Labrador. Parmi les personnes de langue française qui n’habitaient plus dans leur province de naissance, le Québec était généralement la principale province de résidence en 2021. En particulier, le quart des personnes de langue française nées en Ontario habitaient au Québec en 2021, soit 96 000 personnes, dont 48 000 habitaient en Outaouais.

Le retour de Néo-Brunswickois de langue française dans leur province de naissance contribue à un solde migratoire interprovincial positif

La population totale du Nouveau-Brunswick s’est accrue de 3,9 % de 2016 à 2021 après avoir enregistré une légère baisse au cours de la période intercensitaire précédente. Cependant, alors que la population de langue anglaise augmentait, la population de langue française a continué de diminuer pour se chiffrer à son niveau le plus bas depuis 1981.

La migration à travers le Canada a récemment subi certaines transformations, notamment en raison de la pandémie de COVID-19 et de changements survenus sur le marché du travailNote 3. En particulier, ces transformations ont eu tendance à augmenter les flux migratoires vers les régions rurales aux dépens des grands centres urbains. Ainsi, au cours de la période de 2016 à 2021, un plus grand nombre de personnes ont quitté d’autres provinces pour déménager au Nouveau-Brunswick que l’inverse. Il s’agit d’un renversement de tendance pour la province, où l’on avait constaté un solde migratoire interprovincial négatif au cours de la majorité des périodes intercensitaires récentes, tant pour les personnes de langue française que pour le reste de la population.

En effet, au cours de la période de 2016 à 2021, le nombre de personnes de langue française qui ont quitté le Nouveau-Brunswick pour s’établir dans une autre province (6 300 personnes) était à son plus bas niveau en plus de 40 ans, alors que le flux inverse, soit les déplacements pour s’installer au Nouveau-Brunswick (7 800 personnes), était à son niveau le plus élevé depuis la période de 1981 à 1986.

Plusieurs de ces arrivées au Nouveau-Brunswick représentaient des retours dans la province : près de 1 migrant interprovincial de langue française sur 2 (46,6 %; 3 700 personnes) qui s’est établi au Nouveau-Brunswick de 2016 à 2021 est né dans cette province. La plupart de ces Néo-Brunswickois qui revenaient dans leur province habitaient auparavant au Québec (1 400 personnes), en Ontario (900 personnes) ou en Alberta (600 personnes) et représentaient une forte proportion du flux migratoire de ces provinces vers le Nouveau-Brunswick.

Le Québec enregistre un solde migratoire interprovincial presque nul chez les personnes de langue anglaise après des décennies de soldes négatifs

Depuis de nombreuses décennies, le Québec a régulièrement connu un solde migratoire interprovincial négatif, tant pour les personnes de langue française que de langue anglaise. Cependant, durant la période de 2016 à 2021, le solde migratoire interprovincial chez les personnes de langue française était pratiquement nul (presque autant d’entrants que de sortants), alors qu’il n’était que légèrement négatif chez les personnes de langue anglaise. Le nombre d’arrivées (84 000 personnes) au Québec en provenance du reste du pays était à son niveau le plus élevé en plus de 40 ans, alors que le nombre de départs (90 000 personnes), quoique relativement semblable à celui enregistré pendant la période de 2011 à 2016, était bien inférieur au nombre observé durant les dernières décennies du XXe siècle.

Ce renversement de tendance reflète surtout des changements observés parmi les personnes de langue anglaise. Alors que le nombre de personnes de langue anglaise qui ont quitté le Québec était élevé avant les années 2000, et tout particulièrement durant les années 1960 et 1970, il s’est maintenu à un niveau plus bas depuis une vingtaine d’années (environ 50 000 sortants par période intercensitaire). Plus récemment, durant la période de 2016 à 2021, c’est surtout le nombre de personnes de langue anglaise entrant au Québec qui a augmenté, et il a presque atteint le nombre de sortants. Par conséquent, pour la première fois depuis au moins 50 ans, les migrations interprovinciales n’exerçaient presque aucune pression à la baisse sur la population de langue anglaise au Québec. Cela coïncidait avec des taux de chômage historiquement bas dans la province.

Graphique 3 Nombre d’entrées et de sorties de migrants interprovinciaux au Québec selon la première langue officielle parlée, périodes intercensitaires, 1966-1971 à 2016-2021

Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Entrants de langue anglaise, Sortants de langue anglaise, Entrants de langue française et Sortants de langue française, calculées selon nombre de migrants (milliers) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Entrants de langue anglaise Sortants de langue anglaise Entrants de langue française Sortants de langue française
nombre de migrants (milliers)
1966-1971 45,0 100,2 29,8 40,9
1971-1976Note E: à utiliser avec prudence 39,5Note E: à utiliser avec prudence 89,6Note E: à utiliser avec prudence 35,2Note E: à utiliser avec prudence 39,1Note E: à utiliser avec prudence
1976-1981 27,7 149,3 32,2 49,1
1981-1986 31,4 80,7 32,9 44,7
1986-1991 36,4 66,7 43,6 37,8
1991-1996 31,7 66,4 35,4 34,3
1996-2001 29,0 71,3 31,6 40,9
2001-2006 33,1 48,6 37,6 32,2
2006-2011 32,3 47,7 28,6 31,2
2011-2016 29,8 51,1 23,1 33,7
2016-2021 46,8 50,7 32,0 31,9

Un plus grand nombre de personnes de langue anglaise nées au Québec habitent à Toronto ou à Ottawa qu’à Laval ou en Outaouais

Environ 1,1 million de personnes de langue anglaise résidaient au Québec en 2021. Environ la moitié d’entre elles (52,8 %; 570 000 personnes) sont nées dans la province, 36,0 % (388 000 personnes) sont nées à l’extérieur du Canada, et 11,2 % (121 000 personnes) sont nées dans une autre province. Parmi ces dernières, 78 000 sont nées dans la province voisine de l’Ontario. Parmi ces Ontariens de naissance, 30 000 habitaient plus précisément en Outaouais.

Parallèlement, à la suite de tendances migratoires de longue date qui se sont poursuivies durant la période de 2016 à 2021, 337 000 personnes de langue anglaise nées au Québec habitaient dans une autre province. Parmi elles, 215 000 habitaient en Ontario, dont 80 000 dans la région de Toronto et 60 000 dans la région d’Ottawa. À titre de comparaison, 51 000 personnes de langue anglaise nées au Québec habitaient à Laval, et un plus petit nombre dans chacune des autres régions du Québec, sauf celles de Montréal (289 000 personnes) et de la Montérégie (108 000 personnes).

Montréal enregistre plus de départs que d’arrivées, tant chez les personnes de langue anglaise que de langue française

L’île de Montréal est le principal lieu de résidence des personnes de langue anglaise au Québec. Cependant, durant la période de 2016 à 2021, le solde migratoire interrégional de personnes de langue anglaise était négatif pour Montréal (-27 000 personnes), plus de gens ayant quitté la région pour une autre région canadienne que l’inverse. Ce solde négatif était particulièrement important avec la région adjacente de la Montérégie (-12 000 personnes). L’île de Montréal affichait également des soldes migratoires négatifs avec d’autres régions avoisinantes (Laval, Lanaudière et les Laurentides) et les régions d’Ottawa et de Toronto. En ce qui a trait à l’île de Montréal, ces départs de personnes de langue anglaise en raison de la migration interne ont largement été compensés par l’arrivée de personnes de l’extérieur du Canada (+74 000 personnes de langue anglaise de 2016 à 2021).

Parmi les personnes de langue française, on remarque également un solde migratoire interrégional négatif (-93 000 personnes) pour l’île de Montréal, compensé toutefois par l’arrivée de personnes de l’extérieur du Canada (+90 000). Ce solde négatif est lui aussi en grande partie attribuable à des départs vers les régions avoisinantes, souvent les banlieues (solde total de -82 000 vers la Montérégie, Lanaudière, Laval et les Laurentides), mais on note également des départs vers d’autres régions du Québec (p. ex. l’Estrie, la Mauricie, l’Outaouais et le Bas-St-Laurent).

Ces déplacements depuis l’île de Montréal vers les banlieues hors île ne sont pas nouveaux; ils ont également eu lieu au cours des dernières périodes intercensitaires, tant pour les personnes de langue anglaise que de langue française. En outre, ce flux migratoire des quartiers centraux vers les banlieues n’est pas un phénomène propre à la région de Montréal; il a été observé dans la plupart des grandes villes canadiennes.

Les migrations interprovinciales ne contribuent pas à la diminution de la population de langue française en Ontario

En Ontario, de 2016 à 2021, alors que la population totale s’accroissait de 6,0 %, la population de langue française de la province diminuait de 4,7 %, pour se chiffrer à 478 000 personnes. Les migrations interprovinciales n’ont pas contribué à cette diminution : le solde migratoire interprovincial de personnes de langue française était pratiquement nul, tandis que le solde migratoire interprovincial total de la province était légèrement négatif.

Depuis 1976, on observe généralement le départ de personnes de langue française de l’Ontario vers l’Alberta et, dans une moindre mesure, vers la Colombie-Britannique. La situation semble avoir changé au cours de la période de 2016 à 2021. Même si l’on constate toujours un solde migratoire interprovincial négatif de personnes de langue française avec la Colombie-Britannique, le solde migratoire interprovincial avec l’Alberta est à l’avantage de l’Ontario.

Néanmoins, au cours des quatre dernières décennies, les migrations de personnes de langue française en Ontario concernent d’abord et avant tout la province voisine du Québec.

Ontario-Québec : l’échange migratoire le plus élevé depuis 20 ans, et un solde migratoire presque nul

L’échange migratoire interprovincial entre le Québec et l’Ontario, qui se chiffre à plus de 108 000 migrants pour la période de 2016 à 2021, se classe au deuxième rang au pays, après celui entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. Par ailleurs, il est de loin le plus élevé pour les personnes de langue française (35 000 migrants).

L’Ontario est la principale destination des migrants interprovinciaux de langue française et de langue anglaise du Québec. Pour sa part, le Québec est à la fois le principal point de départ et la principale destination de migrants interprovinciaux de langue française de l’Ontario, mais ce n’est généralement pas le cas pour les personnes de langue anglaise, qui déménagent plus souvent vers l’Alberta et la Colombie-Britannique et qui arrivent également de ces deux provinces.

Le Québec affiche un solde migratoire interprovincial fortement négatif de personnes de langue anglaise avec l’Ontario depuis plusieurs décennies; toutefois, on observe une diminution de ce solde pour la période intercensitaire de 2016 à 2021. Cette baisse est d’abord attribuable à une augmentation du nombre de personnes de langue anglaise ayant quitté l’Ontario pour venir s’établir au Québec, comparativement aux périodes intercensitaires récentes. Parmi les 30 000 personnes de langue anglaise ayant quitté l’Ontario pour s’installer au Québec de 2016 à 2021, 11 000 (38 %) résidaient précédemment dans la région de Toronto et 11 000 (36 %), dans la région d’Ottawa et de l’Est ontarien.

Les déplacements de personnes de langue française de l’Ontario vers le Québec et du Québec vers l’Ontario ont été pratiquement de la même ampleur au cours de la période de 2016 à 2021. Au cours des dernières décennies, les soldes migratoires de la population de langue française ont été tantôt positifs pour l’Ontario, tantôt positifs pour le Québec.

La majorité des personnes de langue française qui traversent la frontière entre le Québec et l’Ontario dans une direction ou dans l’autre pour s’établir dans la province voisine sont nées au Québec. Ainsi, plus de la moitié des personnes de langue française qui ont quitté l’Ontario, où elles habitaient en 2016, pour s’établir au Québec durant la période de 2016 à 2021, retournaient en fait dans leur province de naissance. Cependant, on n’observe pas une situation similaire chez les migrants de langue anglaise. Plus précisément, 45 % des migrants de langue anglaise qui ont quitté le Québec pour l’Ontario sont nés à l’étranger, alors qu’environ le quart sont nés en Ontario.

Graphique 4 Migrants Ontario-Québec, selon la première langue officielle parlée et le lieu de naissance, période intercensitaire 2016-2021

Tableau de données du graphique 4
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 Nés au Québec, Nés en Ontario, Nés ailleurs au Canada et Nés à l'étranger, calculées selon nombre de personnes (milliers) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nés au Québec Nés en Ontario Nés ailleurs au Canada Nés à l'étranger
nombre de personnes (milliers)
De langue française vers l'Ontario 10,1 3,0 0,5 4,5
De langue française vers le Québec 9,2 4,0 0,5 3,4
De langue anglaise vers l'Ontario 8,6 8,4 1,8 15,6
De langue anglaise vers le Québec 4,4 14,1 2,2 9,5

La région d’Ottawa attire des personnes de langue française de partout au pays

Les personnes de langue française qui habitaient en Ontario se trouvaient principalement dans la région d’Ottawa (46,4 % du total provincial de personnes de langue française) — qui comprend aussi l’Est ontarien —, dans la région du Nord-est ontarien (21,3 %) — où le Grand Sudbury est le plus grand centre —, et dans la région de Toronto (15,2 %). De 2016 à 2021, la population de langue française est demeurée stable dans la région d’Ottawa, mais elle a diminué dans les deux autres régions. Un solde migratoire positif de personnes de langue française a contribué au maintien de la population de langue française dans la région d’Ottawa.

En effet, la région d’Ottawa attire des personnes de langue française de partout au pays. De 2016 à 2021, près de 18 000 personnes de langue française ont quitté une autre région canadienne pour s’établir dans la région d’Ottawa. Il s’agit du total le plus élevé pour une région de destination hors Québec. À titre d’exemple, la région d’Ottawa a été la principale destination au Canada des personnes de langue française qui ont quitté le Manitoba ou l’Alberta au cours de la période de 2016 à 2021. Elle a aussi été la destination choisie par un grand nombre de personnes de langue française qui résidaient auparavant dans une autre région ontarienne (5 000 personnes).

Par ailleurs, plus de 21 000 personnes ont migré entre Ottawa et l’Outaouais québécois dans l’une ou l’autre direction de 2016 à 2021, ce qui a entraîné un léger solde positif pour l’Outaouais parmi les personnes de langue anglaise, et un solde pratiquement nul chez les personnes de langue française.

L’Alberta enregistre un solde migratoire interprovincial négatif de personnes de langue française qui coïncide avec un marché du travail favorable au Québec

Pour la première fois depuis la période intercensitaire de 1986 à 1991, l’Alberta a enregistré un solde migratoire interprovincial négatif (plus de départs vers le reste du Canada que d’arrivées) au cours de la période intercensitaire de 2016 à 2021, et ce tant chez les personnes de langue anglaise que chez les personnes de langue française. La longue période de solde migratoire positif de personnes de langue française coïncidait avec un taux de chômage en Alberta plus faible que celui observé au Québec, la principale province d’origine des personnes de langue française qui habitaient en Alberta. Cette différence dans les taux de chômage s’est aussi inversée à partir de 2016, ce qui mène à penser que la situation avantageuse sur le marché du travail que pouvait représenter l’Alberta par rapport au Québec s’est estompée.

Le nombre de personnes de langue française qui se sont établies en Alberta a fortement diminué, passant de 10 700 personnes pour la période de 2011 à 2016 à 5 900 pour la période de 2016 à 2021, tandis que le nombre de personnes de langue française qui ont quitté l’Alberta pour une autre province a augmenté, passant de 6 300 personnes à 9 400. Parmi les personnes de langue française qui ont quitté l’Alberta pendant la période de 2016 à 2021, environ la moitié (4 600 personnes) sont retournées s’établir dans leur province de naissance, qui était le Québec dans 70 % des cas. Cette tendance liée à la migration de retour dans la province de naissance a également été observée chez les personnes de langue anglaise, principalement celles qui retournaient en Colombie-Britannique et en Ontario. À titre de comparaison, moins de personnes de langue anglaise (et pratiquement aucune personne de langue française) qui sont nées en Alberta sont retournées dans leur province de naissance au cours de cette période intercensitaire.

Graphique 5 Taux de migration interprovinciale net parmi les personnes de langue française (en pour mille), Alberta et Colombie-Britannique, 1981-1986 à 2016-2021

Tableau de données du graphique 5
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5 Alberta et Colombie-Britannique, calculées selon pour mille unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Alberta Colombie-Britannique
pour mille
1981-1986 -90 50
1986-1991 -15 78
1991-1996 6 125
1996-2001 98 21
2001-2006 51 5
2006-2011 46 12
2011-2016 66 50
2016-2021 -52 41

La migration de la population de langue française vers la Colombie-Britannique augmente durant la période de 2016 à 2021

En 2021, à l’extérieur du Québec, le nombre de Canadiens dont le français est la première langue officielle parlée était à la baisse dans toutes les provinces par rapport à 2016, sauf en Colombie-Britannique. La situation distincte de la Colombie-Britannique s’explique notamment par le solde migratoire interprovincial positif de personnes de langue française au cours de la période de 2016 à 2021 (+2 200 personnes).

De fait, le solde migratoire de personnes de langue française en Colombie-Britannique a été positif pour chaque période intercensitaire depuis la période de 1966 à 1971. Les personnes de langue française qui se sont établies en Colombie-Britannique provenaient principalement du Québec, mais également de l’Ontario et de l’Alberta. Durant la période de 2016 à 2021, le nombre de migrants interprovinciaux de langue française (7 700 personnes) qui sont arrivés en Colombie-Britannique a augmenté par rapport à la période intercensitaire précédente (+9,7 %), sous l’effet de l’augmentation de la migration en provenance du Québec et de l’Ontario.

Par ailleurs, 5 400 personnes de langue française ont quitté la Colombie-Britannique pour une autre province lors de la période de 2016 à 2021. Parmi les 3 200 personnes de langue française qui ont quitté la Colombie-Britannique pour s’établir au Québec, un peu plus des trois quarts (76 %) sont en fait nés au Québec.

Définitions, concepts et géographie

La population de référence du présent article est composée des répondants au questionnaire détaillé du Recensement de la population, soit les personnes qui habitent dans les ménages privés au Canada.

Dans le présent article, les personnes de langue française ou de langue anglaise sont respectivement celles dont la première langue officielle parlée est le français seulement ou l’anglais seulement. Ces deux catégories comprennent a) les personnes qui connaissent uniquement l’une de ces deux langues, b) les personnes bilingues français-anglais, mais qui ont une seule de ces deux langues comme langue maternelle, et c) les personnes bilingues, qui n’ont pas l’une de ces deux langues comme langue maternelle, mais qui parlent l’une de ces deux langues le plus souvent à la maison. Les autres personnes sont classées dans les catégories « Français et anglais » et « Ni français, ni anglais », des catégories que l’article n’explore pas. Une explication détaillée de ce concept figure dans le document Première langue officielle parlée de la personne.

Puisque certaines caractéristiques linguistiques qui entrent en compte dans la dérivation de la première langue officielle parlée peuvent changer au cours de la vie, il est possible pour une personne de changer de catégorie au fil du temps. En principe, cela pourrait avoir une incidence sur les résultats relatifs à la migration selon le groupe linguistique, puisqu’il est possible que cette migration ait elle-même des répercussions sur les comportements linguistiques. Cependant, l’effet de ce phénomène sur les tendances décrites dans cet article ne peut être que limité.

Dans cet article, un migrant est une personne qui a déclaré que son lieu de résidence cinq ans auparavant était différent de son lieu de résidence actuel. Bien qu’il soit possible que des personnes aient changé de domicile plusieurs fois au cours de cette période de cinq ans, seuls les lieux indiqués au moment des deux recensements sont pris en considération. Seules les personnes qui résidaient au Canada lors de ces deux moments de référence peuvent être considérées comme des migrants internes. Celles qui résidaient hors du Canada cinq ans avant un recensement sont des migrants externes. Les personnes qui n’étaient pas nées cinq ans avant le recensement ne peuvent pas être des migrants selon le concept utilisé ici.

Le taux de migration interprovinciale se calcule en prenant le nombre de résidents d’une province qui habitaient dans une autre province ou un autre territoire à la période précédente et en le divisant par la moyenne de la population totale de la province (ou du territoire) de résidence à la période actuelle et à la période précédente. Ce taux est souvent exprimé pour mille personnes (‰).

Une période intercensitaire est une période de cinq ans entre deux recensements.

Tous les résultats présentés dans cet article reposent sur les limites géographiques de 2021. Le terme « région » désigne une région économique. Pour obtenir plus de renseignements, veuillez consulter le Dictionnaire, Recensement de la population, 2021 – Région économique (RE).

Remerciements

Le présent rapport a été préparé par Bertrand Ouellet-Léveillé, Gabriel St-Amant et Louis Cornelissen du Centre de démographie de Statistique Canada, avec l’aide d’autres membres du personnel de ce Centre et la collaboration de membres du personnel du Secrétariat des domaines spécialisés du recensement, de la Division des opérations du recensement, de la Direction des communications et de la Direction de l’accès aux données et de la diffusion.


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